C’est là où les territoires sont peu densément peuplés que la grande majorité des Français (61 %*) aimerait vivre : dans une petite ville, un bourg, un village ou de manière isolée à la campagne. Cet ancrage territorial est bien sûr lié à l’accès à la maison individuelle. Cela signifie-t-il pour autant que l’on souhaite y vieillir ? Il semble que ce soit le cas puisque 63 % des retraités* considèrent eux aussi que les espaces peu denses constituent un cadre de vie idéal.
Une « maison bleue » loin des métropoles…

« Vivre loin des métropoles » représente un idéal résidentiel, car cet éloignement permet l’accès à la maison individuelle. Et quand cet idéal devient réalité, pourquoi envisager de déménager un jour ? Le vieillissement dans les ruralités soulève alors des questions.
Comment, loin des métropoles, les personnes âgées peuvent-elles se maintenir dans des réseaux de sociabilité et de solidarité ? Que se passe-t-il quand leur autonomie diminue et que la vie dans leur maison devient plus difficile à assumer ? La perspective d’abandonner un lieu n’est pas simple, de surcroît quand on y a tissé des liens aux autres forts.
Le « lien aux autres », l’expression intime du « lien aux lieux »
Vieillir loin des métropoles, c’est donc, d’une certaine façon, faire partie des lieux, et les incarner. Ce « lien aux lieux » ne va pas sans un « lien aux autres ». Quels réseaux de sociabilité les habitants qui vivent dans les espaces peu denses développent-ils ? Avec qui est-on en lien là où les voisins sont moins nombreux, dans des lieux que les enfants ont dû quitter, souvent pour les métropoles ? Dans ces territoires où l’on reste et vieillit, comment vit-on le départ des autres (déménagement ou décès des amis et voisins de longue date) à mesure que le temps passe ? Et que se passe-t-il quand, à cette réduction du tissu relationnel de proximité, s’ajoute un isolement supplémentaire pour des raisons sanitaires ou météorologiques, des événements avec lesquels nous devrons composer de plus en plus fréquemment ?
Garder le contact : un impératif
Le lien aux autres, en particulier loin des métropoles, quand les infrastructures, équipements et commerces sont moins nombreux et/ou moins accessibles, est déterminant pour bien vieillir. La gestion de l’isolement géographique ou/et relationnel est donc impérative que ce soit dans les grands espaces canadiens, sur une île ou dans un petit village alpin. Les acteurs publics ont bien sûr un rôle à jouer pour aider les plus fragilisés et mettre en place des infrastructures utiles. Mais d’autres façons de faire existent pour adapter les solidarités et maintenir le lien avec les autres malgré la distance, et rendre possible ce vieillissement plus près de la nature.
Il est probable, dans le contexte actuel du changement climatique, que la vie sera bien meilleure loin des grandes villes. Ces territoires, où l’herbe est réellement plus verte, pourraient alors devenir une perspective (ou un horizon) partagée par le plus grand nombre…
* Enquête conduite en 2023 par Ipsos pour la Fondation Jean Jaurès et la Confédération française démocratique du travail (CFDT) sur la société idéale des Français
Coordinateurs, autrices, auteurs
Ont coordonné ce numéro : Hervé Marchal, sociologue, professeur des universités, université de Bourgogne LIR3S – UMR CNRS 7366 & Jean-François Léger, démographe, maître de conférences, Institut de démographie de l’université Paris I.
Ont participé à ce numéro : Marco Alberio ; Hugo Bertillot ; Mickaël Blanchet ; Lisia Briot ; Marion David ; Raphaël Dhuot ; Gaëtan Fustec ; Lorette Klepper ; Manon Labarchède ; Jean-Christophe Marcel ; Laurent Nowik ; Julie Pasquier ; Loïc Trabut ; Damien Vanneste.
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