Si les technologies à destination des personnes âgées suscitent beaucoup d’espoirs (emplois attendus par le développement de la silver economy), leur bilan reste mitigé à la fois quant à leur acceptation par les personnes âgées, mais surtout quant à leur coût : les montages économiques sur lesquelles reposent ces innovations étant très largement financés par la puissance publique sans réels débouchés industriels. Apparaît ainsi une tension entre, d’une part, les attentes des politiques publiques vis-à-vis de la silver economy et des gérontechnologies et, d’autre part, la mobilisation de ces dernières par leurs utilisateurs (attendus).
Les gérontechnologies nées à la fin du XXe siècle
Apparues dans les années 1990, les gérontechnologies se présentent comme un champ de recherche interdisciplinaire combinant gérontologie et technologies. En revanche, comme ce fut le cas avant les nouvelles technologies de l’information et de la communication, elles sont à leur tour érigées en mythe : celui d’un futur possible qui va servir à guider l’action.
Au cœur du mythe des gérontechnologies se trouve en effet l’idée que celles-ci sont porteuses d’une promesse de soutien à l’autonomie des aînés, contribuant ainsi à l’objectif de maintien à domicile.
Les gérontechnologies : un mythe structurant
Le mythe des gérontechnologies devient ainsi structurant à la fois de l’offre et de l’action publique à destination des aînés, y compris dans ses extensions/recompositions récentes autour de l’idée de silver economy.
Quatre piliers sous-tendent ce mythe. Le premier concerne la possibilité technique de soutien à l’autonomie, et donc de maintien à domicile, que laissent entrevoir les gérontechnologies. Le deuxième a trait au potentiel de maîtrise des dépenses publiques que représente un tel progrès dans la prise en charge de la dépendance. Le troisième espoir est celui du développement économique et de la création de richesses attendus de l’essor de la silver economy. Enfin, le dernier pilier – et non le moindre – renvoie au potentiel de création d’emplois que représente le développement de ce secteur et de ses applications.
Humain et machine… complémentaires ?
Ce numéro de Retraite et société va à la confrontation de ce mythe. À travers les articles, les auteurs révèlent que les gérontechnologies sont inexorablement liées aux humains qui les utilisent. Plus qu’une offre de produits isolés, la technologie implique l’humain et l’aide technologique implique en retour l’aide humaine. Or, la complémentarité entre l’humain et la machine semble ici éludée alors qu’elle est constitutive du mythe des gérontechnologies, ces dernières ayant pour vocation première le soutien à l’autonomie des personnes âgées.
Au sujet de la coordinatrice
Florence Gallois est économiste, UFR Sciences économiques et gestion, université de Reims Champagne-Ardenne.